Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
207
SUR DU GUESCLIN.

trand l’avoit défenduë, se rendit incessamment dans cette capitale, pour remercier les bourgeois du zele et de la fidélité qu’ils avoient eu pour son service, et pour témoigner à Bertrand combien il étoit sensible aux grands efforts qu’il avoit fait pour sa querelle avec tant de succès. Il luy fit don d’un beau château qu’on appelloit la Roche d’Arien, le conjura de toujours épouser son party dans la suite, et de vouloir en sa faveur couronner l’œuvre qu’il avoit commencé si généreusement. Bertrand luy promit de se dévoüer tout entier à luy, l’assurant qu’il ne manieroit jamais l’épée que pour sa querelle, et qu’il tâcheroit à l’avenir de luy conserver la souveraineté qu’un usurpateur luy disputoit avec tant d’injustice.

En effet toute la Bretagne étoit partagée jour ces deux princes, les uns tenans pour l’un, et les autres pour l’autre. Le roy d’Angleterre entrant avec chaleur dans le party de Jean de Monfort, remplit toute la Bretagne d’Anglois, qu’il fit débarquer à Brest, dont il donna le commandement au duc de Lancastre, et le chargea de mettre tout en usage contre les partisans de Charles de Blois. Ceux de Dinan, qui tenoient pour ce dernier, écrivirent à ce prince que leur ville étoit fort menacée, qu’elle avoit besoin d’un fort prompt secours pour se mettre en état de soutenir le siège que les Anglois alloient former contre eux.

Ce fut la raison pour laquelle Charles mit Bertrand à la tête de cinq ou six cens combattants, et luy donna l’ordre de se jetter incessamment dans la place[1]. Il y courut à perte d’haleine, et fit une si

  1. Dans l’intervalle qui s’écoula entre la levée du siège de Rennes et le siége que le duc de Lancastre mit devant Dinan, Du Chastelet