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SUR DU GUESCLIN.

accompagner, quand il se transporteroit à Dinan le lendemain, pour voir ces deux chevaliers aux prises dans une si belle carrière. Ce prince ne manqua pas de s’y rendre de bonne heure avec tout son monde. Il y eut quelques personnes qui s’entremirent de part et d’autre pour ménager quelque accommodement entre ces deux ennemis, qui s’en alloient entrer en lice ; mais Bertrand, qui vouloit assouvir son ressentiment contre son adversaire, n’en voulut jamais entendre parler ; si bien que le Duc, qui le connoissoit, voyant bien que toutes ces tentatives seroient inutiles, imposa silence là dessus à tous ceux qui les avoient voulu reconcilier, et tout se disposa de part et d’autre pour en venir aux mains.

Guesclin se fit armer à l’avantage et de pied en cap, et s’étant mis à cheval, il parut au milieu de la place dans une fort belle contenance. Le duc de Lancastre avec sa Cour, le Tortboiteux et tous les officiers de la garnison, les bourgeois de la ville et tout le menu peuple se rangèrent au tour des barrières pour être les spectateurs d’une lice si importante. Les dames et les bourgeoises étoient toutes aux fenêtres pour étudier à loisir la bravoure des deux chevaliers et s’en rendre aussi les arbitres. Le gouverneur de la place posta des gardes aux endroits nécessaires, non seulement pour empêcher le trouble et la confusion, mais aussi de peur que quelqu’un n’entrât dans le champ pour favoriser l’un ou l’autre des combattants. Il fit aussi publier, avant que la carrière fut ouverte, que si quelqu’un s’ingeroit de nuire au chevalier anglois, sous quelque prétexte que ce fût, il luy on coûteroit la vie. On prit enfin toutes les précautions