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NOTICE

Les nombreux défauts que nous avons relevés dans cette histoire, ne semblent pas cependant avoir nui à son succès. L’ouvrage, bien accueilli quand il a paru[1], a même conservé sa réputation ; l’auteur avoit tenu un rang dans l’État et dans la littérature ; il s’étoit distingué par la loyauté et par la noblesse de son caractère ; il avoit été l’un des premiers membres de l’Académie française, lors de sa formation : quelques Mémoires disent même qu’il fut un de ses ornemens. Enfin son histoire, qui n’a été imprimée que trente ans après sa mort, offroit moins d’appât à la critique que si elle eût été publiée de son vivant. La première édition est de 1666 ; on en a fait une deuxième en 1693. Ces deux éditions sont fort rares aujourd’hui ; elles ne pourront que le devenir davantage, car il n’est pas probable que l’ouvrage soit jamais réimprimé[2].

  1. Le journal des savans du 24 juin 1666, dit en partant de l’ouvrage de Du Chaslelet : « S’il y a des faits dans cette histoire qui paroissent incroyables, et s’ils ne sont pas tous généralement vrais, il y en a du moins une bonne partie, et l’auteur ne les rapporte que d’après les historiens et même les contemporains. Cette histoire est rédigée en meilleur ordre que la première (celle que Ménard avoit publiée). Le discours en est incomparablement plus pur et plus élégant, et elle est enrichie de quantité de preuves, » Dans cet article où l’on cherche évidemment à faire valoir l’ouvrage, on reconnoît cependant que Du Chaslelet a rapporté beaucoup de fables. Quant à son style, tout défectueux qu’il est, on devoit lui donner la préférence sur celui du manuscrit de Ménard, dont nous avons parlé plus haut. Ce manuscrit publié par Ménard étoit la seule vie complète de Du Guesclin, que l’on possédât alors, et par conséquent le seul ouvrage contre lequel Du Chaslelet eût à lutter.
  2. l’exemplaire que possède la bibliothèque du Roi a été donné par le marquis Du Chastelet, frère de l’auteur, au fils du célèbre généalogiste d’Hozier, dont parle Boileau dans sa cinquième satire. Cet