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ANCIENS MÉMOIRES

épouvanta le gouverneur, qui s’appercevant qu’on ne luy feroit aucun quartier, s’il s’opiniâtroit à ne se pas rendre, prit le party de capituler, et demanda quelque argent pour être dédommagé de ses pertes. Bertrand, avec lequel il s’aboucha, luy voulut bien donner cette petite satisfaction, pourveu qu’il sortît aussitôt de la tour. Ce qui fut exécuté sur l’heure ; et Guesclin s’étant assuré de ce poste, y voulut régaler le soir même les principaux officiers de l’armée, qui tenans conseil de guerre avec ce general, furent d’avis de depêcher au plutôt auprès du Dauphin, pour luy faire part de cette nouvelle, et pour sçavoir de luy si tel étoit son plaisir qu’on rasât cette tour en la faisant sauter par une mine, afin de se delivrer du soin d’y mettre garnison, dont on auroit ailleurs assez de besoin. Le duc de Normandie leur envoya là dessus tous les ordres nécessaires pour démolir la tour, qui fut aussitôt abbattuë, si bien qu’il ne restoit plus, pour achever de debarrasser entièrement la Seine, que de prendre Meulan, dont les Parisiens souffroient de fort grandes incommoditez. Bertrand assembla tous les officiers de l’armée pour leur représenter qu’il falloit achever par la prise de cette place, ce qu’ils avoient déja si genereusement commencé, que c’étoit l’intention de Charles, Dauphin, dont ils avoient épousé la querelle contre le roy de Navarre et les Anglois, qu’on ne la marchandât pas davantage, afin que les environs de Paris pussent devenir entièrement libres. Le comte d’Auxerre fit aussi de son côté toutes les instances possibles, afin que toute l’armée prit la même résolution ; chacun témoigna beaucoup d’empressement pour le siege de Meulan,