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ANCIENS MÉMOIRES

étoit si entière, qu’on n’y voyoit aucune ressource.

Le gouverneur avoit de la peine à deferer à cette nouvelle, et se seroit déchaîné sur celuy qui la luy raportoit, si d’autres gens ne fussent venus aussitôt, qui la luy confirmerent. Le champ de bataille étant couvert de morts, tous les villageois d’alentour s’y rendirent pour les dépoüiller, tandis que les François achevoient de défaire le secours qui venoit aux Anglois ; mais après cette dernière execution, les gens de Bertrand revinrent sur leur pas. Leur présence épouvanta si fort ces canailles, qu’elles prirent aussitôt la fuite. Les soldats de Guesclin chercherent avec grand soin les cadavres du vicomte de Beaumont et du seigneur d’Ennequin, grand maître des arbalêtriers, qu’ils demêlerent entre les autres, et les firent transporter de là pour leur donner une sepulture proportionnée à leur rang et à leur naissance. Ils trouvèrent aussi Jean Joüel, du party anglois, qui tiroit à la fin, mais qui n’étoit pas encore mort des blessures qu’il avoit reçuës. Ils le firent charger sur une charette dont l’ébranlement acheva de le faire mourir.

Bertrand commanda qu’on ôtât de là tous les principaux officiers françois qui venoient de perdre la vie dans cette bataille, afin qu’on les fît inhumer honorablement, comme gens qui venoient d’expirer pour la gloire de leur nation. Guesclin fit monter aussitôt à cheval ses plus illustres prisonniers, comme le captal, Guillaume de Granville[1] et Pierre de Squanville, et leur fit faire une si longue traite, qu’il les

  1. Là furent prins…. Guillaume de Graville, qui de Messire Guy de Bayeulz, fut prisonnier, et son compère étoit de son enfant….. Celui-cy le delivra moiennant milles florins. Le Roi en fut mécontent, et prit une telle malveillance contre Bayeux et ses enfans, qu’ils furent