Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/279

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
274
ANCIENS MÉMOIRES


CHAPITRE XI.


De la prise de Valognes et de Carentan par Bertrand et de la victoire qu’il remporta sur les Anglois dans le même païs.


Guesclin ne voulant pas demeurer oisif après la journée de Cocherel, et pretendant rendre encore de plus grands services à son maître, assembla le plus de troupes qu’il pût à Roüen, pour entreprendre de nouvelles expéditions. Tous les généraux françois qui se faisoient un mérite de soûtenir la gloire des lys, se rendirent auprés de luy. Le comte d’Auxerre, le Vert Chevalier, le Besque de Vilaines, Alain de Beaumont, qui mouroit d’envie de venger la mort de son frère le vicomte, qui venoit d’être tué dans la derniere occasion, Olivier de Mauny et Alain son frere, Eustache de la Houssaye, lui menerent le plus de gens qu’ils pûrent attrouper pour grossir son armée. Quand toutes choses furent prêtes, Guesclin partit de Roüen dans une fort belle ordonnance. Il mit à la tête de l’avantgarde Guillaume Boitel, fort brave et fort experimenté capitaine, qui tomba d’abord dans une embuscade et fut vivement attaqué par les Anglois, qui le pensoient surprendre, mais il les repoussa si vigoureusement qu’il les mena battant jusqu’à Valognes, après en avoir couché plus de six vingt par terre. Les fuyards alarmerent toute la ville et y jetteront l’épouvente, en disant qu’il falloit que cha-