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SUR LES MÉMOIRES DE DU GUESCLIN

quête d’Estouteville. Or Le Febvre dit en termes positifs, dans son avertissement, que son ouvrage contient plus de cent circonstances des plus essentielles et des plus capitales, que Du Chastelet avoit omises ; et qu’il les a tirées d’un vieux manuscrit composé par le sieur d’Estouteville en 1387. D’après cela, il est probable que Le Febvre ne connoissoit pas l’édition de Ménard ; mais sa déclaration prouve que c’est une copie du même ouvrage qu’il a traduit. Les différences que les premiers éditeurs ont remarquées entre son manuscrit et celui de Ménard, ne justifient pas d’ailleurs leur assertion. Nous avons déjà expliqué Comment le texte des anciens manuscrits varie suivant les copies. Le Febvre s’est procuré sans doute un meilleur texte que Ménard ; il y a lieu de croire qu’il a en outre consulté les autres manuscrits déposés dans les bibliothèques publiques ou particulières, et qu’il est ainsi parvenu à compléter son histoire et à lui donner tout l’intérêt dont elle étoit susceptible.

Les premiers éditeurs, en adoptant son travail, ont supprimé l’épître dédicatoire, qui a près de trente pages, et qui n’est qu’une longue déclamation ; ils ont également supprimé l’avertissement dont nous avons cité le seul passage qui offre quelque intérêt ; mais ils ont cru devoir retoucher les Mémoires. Il nous a semblé qu’en voulant resserrer la narration et faire disparoître quelques fables répétées d’après les anciennes traditions populaires, ils avoient absolument dénaturé l’ouvrage. Les Mémoires rédigés par Le Febvre ne doivent pas être considérés comme une production du dix-septième siècle, mais comme une imitation fidèle des chroniques du quatorzième. L’auteur s’est principalement attaché à conserver le coloris du temps, et