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SUR DU GUESCLIN.

luy permettant plus de combattre, et d’ailleurs voyant que Charles avoit perdu la bataille et la vie tout ensemble, il ne balança plus à se rendre ; il tendit la main à Chandos, qui se chargea de sa personne avec toutes les honnêtetez possibles. Le vicomte de Rohan, Charles de Dinan et le seigneur de Beaumanoir, suivirent son exemple. Enfin tous ceux qui tenoient le party de Charles, furent tuez ou pris ou mis en fuite. Ceux du château d’Aüray virent, du haut de leur tour, toute la campagne jonchée de morts et tout le party de leur prince entièrement défait ; ce qui les jetta dans une très grande consternation. Le comte de Monfort, Chandos et Clisson s’appercevans que tout étoit fait et que la victoire[1] leur étoit entièrement aquise, resterent sur le champ de bataille, encore tout dégouttans de sueur et de sang, et quand ils eurent un peu repris haleine, le comte remercia tous les seigneurs de son party, leur declarant qu’il leur étoit redevable de la souveraineté de Bretagne, et qu’il reconnoîtroit au plûtôt un service si essentiel ; qu’à l’égard de Charles, qui venoit d’expirer, il auroit souhaité volontiers qu’il

    qu’il aimoit mieux morir que vivre : donc se combatti comme un droit ennemy, tant qu’il n’ot mais ne hache, ne épée. » Du Chastelet (p. 79) le fait combattre à coups de poing, lorsque ses armes sont brisées.

  1. Du Chaslelet (p. 78) rapporte qu’à l’instant où la bataille d’Auray alloit commencer, un lévrier qui suivoit ordinairement Charles de Blois, passa dans l’armée de son rival, alla mettre ses deux pieds sur la cuisse de ce prince alors à cheval. Jean de Montfort, surpris des caresses de cet animal, demanda à qui il appartenoit. On reconnut à son collier les armes de Bretaque : on sut que c’étoit le lévrier de Charles de Blois. Quelqu’un dit qu’il venoit sans doute saluer Jean de Montfort comme duc de Bretagne. (Cette fameuse bataille se livra le 28 septembre 1364.)