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ANCIENS MÉMOIRES

Robert Scot, Olivier de Mauny, le Vert Chevalier et beaucoup d’autres officiers voulans luy témoigner le respect qu’ils portoient à son caractere et à sa dignité, l’approcherent avec de profondes soumissions, et tel qui le voyoit revétu de la pourpre eût voulu volontiers en avoir la dépoüille. Quand ce cardinal les vit tous rangez autour de luy, dans l’attente de ce qu’il avoit à leur dire de la part du Pape, il leur expliqua le pus succintement qu’il put le sujet de sa commission, les conjurant de ne commettre aucune hostilitez, s’ils vouloient obtenir du saint Pere l’absolution de tous les déreglemens qu’ils avoient commis. Le maréchal d’Endreghem, homme de bon sens, et qui dés sa jeunesse avoit été nourry dans le grand monde, prit la parole au nom de tous, luy representant que toute cette armée qu’il voyoit étoit sortie de France dans le dessein d’expier, par une guerre sainte, tous les maux qu’avoient fait dans la chrétienté ceux qui la composoient ; mais avant que de la commencer, il luy fit entendre qu’ils avoient crû se devoir prémunir de l’absolution du saint Père, et luy demander la somme de deux cens mille livres pour les aider à soutenir les frais et les fatigues du long voyage qu’ils avoient à faire ; qu’ils esperoient ce secours du Pape, sçachans qu’il auroit assez de charité pour étendre ses aumônes et ses liberalitez au delà de l’absolution qu’ils en esperoient.

Ce cardinal, qui ne s’attendoit pas à ce compliment, parut étonné du second endroit de la réponse du maréchal, et leur dit à tous qu’il leur répondoit seulement de la benediction du saint Pere et de l’absolutiun de leurs crimes ; mais que pour l’argent qu’ils