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précis des guerres


Cliton, fils de cet infortuné Robert, qui gémissoit privé de la vue dans le château de Cardif. Comme il ne put le soutenir en Normandie, il lui adjugea le comté de Flandre, vacant par la mort de Charles, qui avoit été assassiné par les bourgeois de Bruges. De son côté, Henri ne négligeoit rien pour susciter des ennemis à la France ; il avoit décidé l’empereur Henri V, son gendre, à déclarer la guerre à Louis-le-Gros. Mais aussitôt que les projets de l’Empereur furent connus, les seigneurs, oubliant leurs intérêts particuliers pour l’intérêt général, accoururent de toutes parts avec leurs vassaux, et le roi de France se trouva à la tête d’une armée si formidable, que Henri V, qui s’étoit vanté de commencer ses conquêtes par la prise de la ville de Reims, où une excommunication avoit été publiée contre lui, se retira honteusement, sans même oser tenter le sort d’une bataille. C’est, dit-on, dans cette circonstance que l’oriflamme fut, pour la première fois, portée à la tête des armées françaises. Louis auroit désiré de poursuivre l’Empereur, et encore plus, d’employer ses forces contre le roi d’Angleterre : les seigneurs s’y refusèrent ; ils avoient pris les armes pour sauver le royaume d’un envahissement ; mais ils craignoient, en abaissant Henri I, d’augmenter la puissance de leur Roi dont ils connoissoient le caractère. En général, il faut distinguer dans l’histoire de France de ce temps, les guerres qui intéressoient le royaume, de celles que les souverains avoient à soutenir contre leurs vassaux. Dans les premières, les seigneurs étoient, sous peine de perdre leurs fiefs, obligés de marcher en personne avec leurs troupes, et à leurs frais pendant quarante jours ;