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SUR DU GUESCLIN.

comme leur souverain legitime et leur roy, le priant de souffrir qu’ils se donnassent tous à luy comme ceux de Burgos.

Henry les reçut sous son obéïssance aux mêmes conditions que ces derniers. Ils regalerent ce prince de fort beaux presens et logerent une partie de l’armée dans leurs fauxbourgs. Henry distribua tous ces dons aux principaux seigneurs ausquels il avoit obligation de l’heureux succés de ses affaires. Bertrand et les autres chevaliers qui l’avoient accompagné dans ces dernières expeditions n’y furent pas oubliez. Il apprit que Pierre s’étoit retiré dans Cardonne ; il prit la resolution de l’en faire fuir comme il avoit fait de Burgos et de Tolède : mais avant que de se mettre en marche pour ce sujet, il voulut donner ordre à ses affaires en recevant le serment de fidelité de ceux de Tolede, dans laquelle il laissa la Reine pour entretenir tout le monde dans l’obeïssance, et de plus en plus affermir sa domination recente par les manieres engageantes de cette princesse. Henry ayant à passer une forest large de quinze lieües, fit prendre des vivres à ses troupes, et comme elle étoit pleine de lions, d’ours, de leopards et de serpens, il ordonna que personne ne sortît de ses rangs et ne se debandât ; car ceux qui ne se tenoient point serrez et s’émancipoient à droite et à gauche étoient aussitôt dévorez. En effet ils furent étonnez d’en voir un si grand nombre. Leurs oreilles étoient rebattues du rugissement des lions et du sifflement des serpens. Ce trajet leur coûta beaucoup à passer, mais après qu’ils l’eurent franchy, toute l’armée se trouva prés de Cardonne, dont Pierre sortit aussitôt à la hâte, après qu’il eut appris qu’il n’é-