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ANCIENS MÉMOIRES

avoir commis une si indigne action sur une princesse dont la conduite innocente avoit édifié toute la cour d’Espagne. Ce miracle fit un si grand effet sur l’esprit de ceux qui en furent les timides témoins, que plus de seize cens, tant juifs que sarrazins, demanderent tous le baptême avec le dernier empressement, et firent, pour ainsi dire, une sainte violence aux ministres des autels du vrai Dieu, pour être mis au rang des chrétiens. Henry, Bertrand et tous les seigneurs de l’armée ne douterent plus de la sainteté de la reine Branche, puisque Dieu même avoit entrepris de venger sa mort par un miracle qui ne fut pas le seul qui publia ses merites et ses vertus ; car il fut secondé de beaucoup d’autres, dans la suite, qui rendirent la memoire de cette princesse recommandable à tous les siecles. Pierre, qui ne fut pas moins son meurtrier que son mary, reconnut trop tard l’inhumanité qu’il avoit commise sur elle, et comprit bien que si le ciel avoit fait une si effroyable justice des executeurs de ce crime, il en pendoit encore davantage sur la tête de son auteur. En effet, la deplorable fin de ce prince, que nous apprendrons dans la suite, justifiera sensiblement que tôt ou tard, Dieu ne laisse rien d’impuny. Nous allons voir les moyens secrets dont la Providence s’est servie pour châtier ce Roy non seulement cruel, mais impenitent, apostat et desespéré, qui, n’ayant plus de religion, se plongea malheureusement dans le précipice qu’il se creusa par une conduite toute pleine d’impiété, d’injustice et d’endurcissement.