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SUR DU GUESCLIN.

ciart[1], et quatre mille hommes d’armes, à la tête desquels on le mit, qui luy furent tous d’un fort grand secours. Le prince de Galles essaya de l’encourager de son mieux à bien faire, luy disant qu’il se promettoit tout de sa valeur et de son expérience. Le captal l’assura qu’il n’avoit jamais eu plus de démangeaison de joüer des mains que dans cette journée. Chandos[2] fut chargé de mener l’arrière garde ; c’étoit un fameux capitaine qui s’étoit signalé dans les guerres d’Édouard III, et dans celles que le prince de Galles avoit faites en France : il luy donna quatre mille hommes d’armes à commander, et luy dit que s’il y en avoit aucun qui fit mine de branler ou de prendre la

  1. Suivant les historiens de Du Guesclin, il faut lire Archiac au lieu de Arciart.
  2. Les troupes étoient prêtes de marcher, et on alloit sonner la charge, quand Jean Chandos quitte inopinément sa place pour venir auprés d’Édouard et de dom Pedre. Leur aiant fait une profonde révérence, il présente au prince de Galles, son maître, une bannière roulée, et lui dit : « Monseigneur, je suis chevalier, il y a long-temps, et par vos bienfaits je suis grâces à Dieu, devenu assez puissant et assez riche en terres, pour être chevalier Banneret, — j’ai dans l’étendue de mes fiefs plusieurs chevaliers et plusieurs écuyers pour accompagner et servir ma bannière, si vous m’accordes cette qualité. » Sur cela le prince prit celle bannière que tenoit Chandos, et Faiant donnée au roi dom Pedre, il le pria de la déploiera ce que le Roi fit. Elle étoit chargée de l’écusson de ses armes, qui étoient d’argent au pal fiché de gueules. Dom Pedre en la lui rendant, lui dit ; « Voilà, brave connétable, votre bannière que je vous rends dëploiée… Vous êtes chevalier banneret. » Chandos la porta aux gentils-hommes ses vassaux. Il leur dit : « Messieurs, cette bannière est à vous ; il y va de votre honneur, autant que du mien, qu’on la voie le plus avant parmi les ennemis, et qu’elle soit généreusement conservée. « Tous jurèrent de faire leur devoir en braves gens ; et Chandos la confia à un gentilhomme nommé Guillaume Alery. (Du Chastelet, p. 129.)