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entre la france et l’angleterre.


outragé au siège de Saint-Jean d’Acre. L’empereur Henri VI, qui avoit également à se plaindre de lui, acheta à Léopold son prisonnier, et le plongea dans un cachot.

Le sénéchal de Normandie ayant refusé de remettre Alix, sœur de Philippe, que Richard avoit dû épouser, qui avoit été élevée près de Henri II, et même, dit-on, séduite par lui, le roi de France eut un prétexte plausible pour commencer la guerre. Il traita avec Jean-Sans-Terre, prince dépravé, mais foible et peu redoutable ; se fit céder par lui une partie de la Normandie, et lui donna l’investiture de toutes les possessions anglaises en France. Jean consentit même à lui rendre hommage de la couronne d’Angleterre. On prit les armes, mais le succès ne couronna pas l’entreprise ; Philippe trouva plus de résistance qu’il ne comptoit en Normandie ; et Jean, qui passa en Angleterre, parvint à peine à s’emparer de quelques châteaux.

Cependant la reine Éléonore faisoit de vains efforts pour obtenir la délivrance de Richard. Elle s’étoit adressée au Pape, s’étoit abaissée jusqu’à lui dire que l’aigle des César devoit céder à la croix de Jésus-Christ, l’épée de Constantin à celle de Saint-Pierre, l’empire au sacerdoce ; qu’il n’y avoit ni Roi, ni Empereur, ni Duc, qui fût exempt de la juridiction du saint Siège. Le Pape devoit être séduit par ce langage ; mais il redoutoit l’Empereur et n’osoit agir. Le malheureux Richard, chargé de fers, étoit condamné à essuyer tous les affronts. Les ambassadeurs de France, introduits dans sa prison, lui déclarèrent, au nom de leur maître, qu’il étoit déchu du rang de son vassal,