des Albigeois est rapporté dans le Tableau du règne de
saint Louis, placé en tête des Mémoires de Joinville.
Philippe s’étoit engagé à prendre part à cette guerre ;
et il agissoit en maître dans le Languedoc, lorsqu’il
fut rappelé à Paris par un objet de la plus haute importance.
Les Anglais, fatigués des caprices de leur
Roi, qu’ils méprisoient, avoient pris la détermination
de mettre des bornes à son autorité. Jean, trop foible
pour leur résister, avoit été obligé de signer la grande
charte, qui rétablissoit les privilèges anciennement
accordés par le roi Édouard à ses vassaux ; ils en avoient
été dépouillés par Guillaume-le-Conquérant, et jusqu’alors
ils avoient essayé vainement de les reconquérir ;
mais à peine Jean y eut-il souscrit qu’il chercha à
s’y soustraire par la ruse et par la force. Il s’adressa au
Pape, qui mit le royaume en interdit. Les barons, soutenus
par la nation entière, le déclarèrent déchu du
trône, et offrirent la Couronne à Louis, fils aîné de Philippe.
Louis pouvoit en effet avoir des droits au trône
d’Angleterre, par la princesse Blanche, sa femme, fille
d’Éléonore, sœur de Richard-Cœur-de-Lion. L’offre
étoit trop brillante pour ne pas séduire le roi de
France ; mais il fut obligé de dissimuler avec le légat,
qui le menaçoit des foudres de l’Église, et son fils parut
accepter sans sa participation. Le jeune Louis s’embarque,
est d’abord accueilli avec ivresse, mais bientôt
ceux même qui l’avoient appelé, se déclarent
contre lui. Le nombre de ses ennemis augmente chaque
jour ; son père n’ose pas le secourir ouvertement. Le
roi Jean meurt ; cet événement, qui, arrivé quelque
mois plus tôt, eût été favorable à Louis, rallie tous
les Anglais au jeune Henri III, qui n’avoit encore
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précis des guerres