Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
56
précis des guerres


par le caractère altier de Charles d’Anjou, et par la conduite imprudente des soldats qu’il avoit amenés de France. Les Vêpres siciliennes furent le signal du massacre de tous les Français dans le pays. Philippe épuisa le royaume pour envoyer à son oncle des secours insuffisans, et par conséquent inutiles ; lui-même vit presqu’entièrement détruire son armée en Arragon ; il mourut à la suite d’une campagne désastreuse [1283].

Édouard vint à Paris, suivant l’usage, rendre hommage à Philippe-le-Bel, successeur de Philippe-le-Hardi. Pendant son voyage se terminèrent les anciens différends qui existoient encore pour l’entière exécution du traité conclu entre saint Louis et Henri III. Philippe accorda plusieurs grâces à Édouard, et celui-ci se rendit médiateur entre la couronne de France et celle d’Arragon. La paix sembloit assurée pour longtemps ; les deux monarques s’étoient donnés des preuves d’amitié et de bienveillance ; le caractère ambitieux d’Édouard pouvoit laisser quelques inquiétudes ; mais une grande entreprise l’occupoit tout entier. Il avoit été choisi pour arbitre par Bruce et Baliol, qui se disputoient le trône d’Écosse, et par les barons du pays. Peu jaloux d’acquérir la même gloire que saint Louis, en montrant la même justice et le même désintéressement, lorsque Henri III et les seigneurs anglais avoient soumis leurs intérêts à sa décision, il avoit abusé de la confiance des Écossais pour s’emparer d’un royaume dont la conquête exigeoit l’emploi de toutes ses forces.

Une simple querelle de matelots anglais et normands suffit néanmoins pour rallumer la guerre [1292]. Les historiens anglais. Hume lui-même, si remarquable