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entre la france et l’angleterre.


dans les rues de la capitale. Cependant il n’étoit pas sans inquiétude sur les suites de cette affaire ; il craignoit l’effet que pourroit produire sur l’esprit des peuples une excommunication et le royaume mis en interdit. Afin de s’assurer l’appui de ses sujets contre les entreprises ultérieures de la cour de Rome, il convoqua à Paris les grands du royaume, les prélats, les députés des villes, des communautés, des universités et des chapitres, ainsi que les supérieurs des maisons religieuses. Que l’on donne ou non le titre d’États-généraux à cette assemblée, il est certain que c’est la première où furent réunis tous les ordres de l’État. Sous la première race, les champs de mars, champs de mai ou parlemens, n’étoient composés que de la noblesse : sous la seconde, et depuis Hugues Capet, la noblesse et le clergé y avoient été seuls admis. À la vérité, les trois ordres ne furent consultés par Philippe-le-Bel que sur les prétentions du Pape ; il ne fut point question des besoins ni de l’administration du royaume ; mais les députés des villes ayant été une fois appelés à délibérer avec les deux premiers ordres, leur intervention fut en quelque sorte consacrée pour l’avenir.

Cette assemblée, qui se tint à Notre-Dame, le 10 avril 1302, forme donc une époque très-importante dans l’histoire de France. Le garde des sceaux, Pierre Flotte, après avoir exposé les prétentions du Pape, en avoir démontré les conséquences, dit aux députés que le Roi leur commande, comme leur maître, les prie comme leur ami, de lui donner leurs conseils et leurs secours pour la conservation de l’ancienne liberté et le rétablissement des bonnes coutumes dans le royaume. Toute l’assemblée protesta par acclamation qu’on ne