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entre la france et l’angleterre.


prince anglais avoient, dans l’origine, si peu inquiété Philippe, qu’il s’étoit occupé sérieusement des préparatifs d’une croisade. Cependant, instruit de ces nouvelles alliances, il s’unit, de son côté, avec les rois de Bohême et de Navarre, et avec le comte de Flandre. Mais ce dernier, qui n’avoit point suivi les sages conseils qu’il avoit reçus, lorsque Philippe l’avoit rétabli dans ses États, s’étoit rendu de plus en plus odieux aux Flamands, dont l’ancienne animosité se réveilla contre la France, parce qu’elle protégeoit celui qu’ils considéroient comme leur tyran. Tandis que Philippe de Valois contractoit cette alliance inutile, le fier Édouard mendioit l’appui de Jacques Artevelle, brasseur de bière à Gand, qui, s’étant rendu maître de l’esprit du peuple, força bientôt le comte à chercher de nouveau un asile en France. Ce bourgeois séditieux avoit, au nom de la liberté, soulevé les Flamands contre leur prince et contre la noblesse ; il s’étoit emparé du pouvoir, gouvernoit despotiquement, disposoit à son gré des biens et de la vie des citoyens ; et la populace avide et cruelle, étoit toujours prête à exécuter ses arrêts de mort et de confiscation. Artevelle ayant accueilli les avances du roi d’Angleterre, celui-ci en rendit compte au parlement, et obtint le don de vingt mille sacs de laine, que son nouvel allié lui fit vendre aux Flamands pour leurs manufactures. Ainsi Édouard étoit non-seulement sans inquiétude du côté de la Flandre, mais il avoit des fonds pour commencer la guerre ; il se décida à rompre ouvertement avec Philippe et à faire revivre ses prétentions à la couronne de France, prétentions auxquelles il n’avoit jamais sincèrement renoncé.