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ouverte de tous côtés, dans le voisinage de Paris, ne pouvoit être conservée que par un homme vigilant et de grand cœur. La foiblesse de la place faisant croire aux ligueurs qu’elle ne pouvoit être défendue, ils y firent entreprise dès le second jour qu’il en eut la charge. Le chevalier d’Aumale y entra la nuit avec toutes ses troupes. Au premier bruit de l’alarme, le sieur de Vic monta à cheval, nu en chemise, avec quatorze des siens, va droit à l’ennemi, l’attaque si vivement qu’il l’étonne ; et, fortifié des siens qui venoient à la file, il les chasse hors de la ville avec tant de confusion et de perte, que le chevalier d’Aumale y fut tué.

Ce qui lui donna tant de réputation que Paris n’osa plus attaquer Saint-Denis, dont le Roi le retira aussitôt qu’il fut entré dans Paris, pour lui donner le gouvernement de la Bastille. Depuis, ayant repris Amiens, il ne jugea pas pouvoir mieux confier cette grande place qu’à sa vertu et sa vigilance, qui obligea le Roi à l’en tirer pour le mettre à Calais, aussitôt que les Espagnols l’eurent remis entre ses mains par la paix de Vervins. Il s’y gouverna avec tant d’ordre, et fit observer une si exacte discipline entre les gens de guerre, que les meilleures maisons du royaume n’estimoient pas que leurs enfans eussent été nourris en bonne école, s’ils n’avoient porté l’arquebuse sous sa charge.

À sa mort, le sieur de Valençai, qui avoit épousé la fille de sa femme, se rendit maître de la citadelle, et dépêcha à la Reine pour l’assurer qu’il la garderoit aussi fidèlement qu’avoit fait son beau-père.

Cette façon de demander un gouvernement fut