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autres disoient au contraire que, si l’on ne suivoit les desseins du feu Roi, nos alliés auroient grand lieu de soupçonner que nous voulussions nous séparer d’eux et les abandonner ; qu’il étoit dangereux de montrer de la foiblesse en ce commencement ; qu’un tel procédé donneroit hardiesse aux Espagnols de nous attaquer ; que le vrai moyen de parvenir à cette donble alliance étoit de conserver la réputation de la France.

Qu’au reste, si nous voulions délivrer l’Espagne de la jalousie de nos armes, il valoit mieux licencier l’armée de Dauphiné, qui leur en donnoit beaucoup plus que celle de Champagne. Outre que désarmant par ce moyen le maréchal de Lesdiguières, huguenot, le Roi en tireroit un autre avantage bien nécessaire en ce temps où la puissance de ce personnage devoit être suspecte.

Cet avis fut suivi ; mais il n’y eut pas peu de peine à choisir pour cette armée un chef. Le maréchal de Bouillon eût bien désiré l’être, mais sa religion et son humeur inquiète et remuante empêchèrent avec raison qu’on ne lui donnât le commandement des armées du Roi, qui se devoient joindre à celle des États-généraux et des protestans d’Allemagne, et le maréchal de La Châtre fut honoré de cette charge.

Ainsi la Reine exécute généreusement la résolution que le feu Roi avoit prise de s’y interposer ; elle envoie des forces pour rendre les raisons avec lesquelles elle veut composer ce différend, plus fortes et plus puissantes.

L’Empereur, l’Espagne et la Flandre font mine de s’opposer à leur passage ; mais, connoissant que l’ar-