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tendroit de quelque entreprise contre lui. Aussitôt qu’il fut rassuré de ses premières appréhensions, il fit connoître ses prétentions à son tour, ainsi qu’avoit fait M. le comte.

Il eût bien voulu contester la régence s’il eût osé, mais il en fut diverti par le bon traitement qui lui fut fait ; on lui donna deux cent mille livres de pension, l’hôtel de Gondi au faubourg Saint-Germain, qui fut acheté deux cent mille francs, le comté de Clermont, et beaucoup d’autres gratifications.

La Reine, par le conseil des vieux ministres, ouvrit au même temps sa main fort largement à tous les autres princes et seigneurs ; elle leur départ de grandes sommes de deniers pour s’acquérir leurs cœurs et le repos de ses peuples par un même moyen.

Beaucoup ont pensé qu’elle eût mieux fait de n’en user pas ainsi, et que la sévérité eût été meilleure, parce que l’on perd plutôt la mémoire des bienfaits que des châtimens, et que la crainte retient plus que l’amour. Mais ce n’est pas un mauvais conseil de retenir en certaines occasions, semblables à celles de la régence, les esprits remuans avec des chaînes d’or ; il y a quelquefois du gain à perdre en cette sorte, et il ne se trouve point de rentes plus assurées aux rois, que celles que leur libéralité se constitue sur les affections de leurs sujets ; les gratifications portent leurs intérêts en temps et lieu, et l’on peut dire qu’il est des mains du prince comme des artères du corps, qui s’emplissent en se dilatant.

Cependant M. le prince et le comte de Soissons vivoient toujours appointés contraires. Cette division n’étoit pas désagréable à la Reine et aux ministres ;