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Le marquis de Cœuvres n’eut pas plutôt fait cette ouverture à M. le comte qu’il la lui fit goûter ; au même temps M. le comte en avertit la Reine, et lui en fit faire si délicatement la proposition, que, la croyant impossible, elle témoigna ne l’avoir pas désagréable.

Le cardinal de Joyeuse et les plus entendus des deux partis estimèrent qu’il falloit tirer un consentement plus exprès et plus formel de la Reine, et que lui en parlant en présence des ministres, ils n’oseroient s’y opposer, de peur de s’attirer par ce moyen la haine des princes du sang et de tous les grands.

Ce dessein réussit ainsi qu’il avoit été projeté ; les ministres approuvèrent cette réconciliation devant le monde, et en exagérèrent tellement par après la conséquence à la Reine, à Conchine et à sa femme, qu’on n’oublia rien de ce qui se put pour l’empêcher.

On assura, à cette fin, M. de Guise du mariage de madame de Montpensier, qu’on avoit traversé jusqu’alors, et on entretint M. le prince de beaucoup d’espérances imaginaires, qui différèrent pour un temps l’exécution de cette union sans la rompre, comme nous verrons sur la fin de l’année.

Cependant les ambassadeurs que la plupart des princes de la chrétienté envoyèrent au Roi, pour se condouloir de la mort du feu Roi son père, et se réjouir de son avénement à la couronne, arrivèrent à Paris. Le duc de Feria y vint de la part du roi d’Espagne, et, après que le comte de Fuentes et les ministres de Flandre eurent sollicité, comme nous avons vu, M. le prince d’entreprendre contre le repos de l’État, il offrit toutes les forces de son maître contre ceux qui voudroient troubler la régence de la Reine.