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robe longue, dont la Reine disposeroit avec plus de facilité, que de la laisser à un homme seul et particulièrement d’épée, dont la condition rendoit d’ordinaire les hommes insolens.

Mais ils ne disoient pas qu’en s’ôtant de dessus les bras un ennemi puissant leur intention étoit de se réserver toute l’autorité de sa charge : ils prétendoient tous y avoir part ; et le but du chancelier étoit de la réunir à la sienne, ainsi qu’en effet il arriva, le président Jeannin, qui fut créé contrôleur général, et tous les autres directeurs des finances, dépendant absolument de lui, en tant qu’ils ne pouvoient rien conclure sans sa voix.

La maison de Guise fut la seule qui assista le duc de Sully ; elle essaya d’empêcher ou retarder sa chute, non pour l’affection qu’elle lui portât, mais par opposition au comte de Soissons et à la maison de Bourbon. Entre les seigneurs de la cour, Bellegarde fut aussi le seul qui parla pour lui, à cause de l’étroite liaison qu’il avoit avec ceux de Guise ; de son chef il étoit son ennemi plus qu’aucun autre, pour en avoir reçu de très-mauvais offices du temps du feu Roi.

Si la foiblesse avec laquelle nous avons remarqué, au livre précédent, que le duc de Sully se gouverna quand il perdit son maître, et l’étonnement et l’irrésolution en laquelle il se trouva lors, témoignent clairement que les esprits présomptueux et farouches ne sont pas souvent les plus courageux, sa conduite en ce nouvel accident fait voir que ceux qui sont timides dans les périls où ils croient avoir à craindre pour leur vie, ne le sont pas moins aux occasions où ils voient