Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Barault étant revenu avec réponse qui ne contentoit pas Sa Majesté, elle lui renvoya La Varenne, qui lui parla de sorte qu’il licencia ses troupes, voyant bien que ses desseins ne lui réussiroient pas pour lors.

Bellegarde, qui sur la nouvelle de ce siége avoit été envoyé en son gouvernement, voulant en visiter toutes les places, ne fut pas bien reçu à Bourg en Bresse, où il fut tiré des mousquetades à quelques-uns des siens qui en approchèrent de trop près.

Le sieur d’Alincour, à qui cette place faisoit ombre pour être trop proche de Lyon, qui par ce moyen n’étant plus frontière étoit de moindre considération, prit cette occasion de faire conseiller à la Reine d’en ôter Boesse et la faire démanteler, sous ombre que Boesse étoit huguenot, et que les Suisses, Genève, Bourg et M. de Lesdiguières étoient trop proches, tous d’un même parti. On pouvoit récompenser Boesse, y mettre un catholique affidé au Roi, et conserver la place ; mais on fit trouver meilleur de donner à Boesse cent mille écus qu’il voulut avoir avant que d’en sortir, puis la raser. On devoit par raison d’État la conserver ; mais le mal de tous les États est que souvent l’intérêt des particuliers est préféré au public.

Le prince de Condé, qui dès le temps du feu Roi avoit eu le gouvernement de Guienne, témoigna désirer en vouloir aller prendre possession ; cela donna quelque soupçon à la Reine. Néanmoins, comme elle le vit affermi en cette résolution, elle ne crut pas devoir s’y opposer formellement ; mais elle donna si bon ordre à tout, que quand il eût eu intention de mal faire il n’eût su l’effectuer.

Le duc d’Epernon profita de ce soupçon ; car, étant