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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/152

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roi Charles ix et de la reine Catherine de Médicis, soutenoit qu’y ayant deux partis dans le royaume, l’un de catholiques, l’autre de huguenots, il falloit s’attacher à l’un ou l’autre. Au contraire, ceux qui avoient été nourris dans les conseils du feu Roi estimoient cette proposition dangereuse, et conseilloient à la Reine de ne se lier à aucune faction, mais d’être la maîtresse des uns et des autres au nom du Roi, et, par ce moyen, reine et non partiale.

La foiblesse avec laquelle on souffrit que les huguenots commençassent leurs brigues et leurs factions, leur donna lieu de croire que la suite en seroit impunie. L’audace dont usa Chamier en demandant la permission de s’assembler peu après la mort du feu Roi, n’ayant point été châtiée, ils estimèrent pouvoir tout entreprendre. Ce ministre impudent osa dire hautement, parlant au chancelier, que si on ne leur accordoit la permission qu’ils demandoient, ils sauroient bien la prendre ; ce que le chancelier souffrit avec autant de bassesse que ce mauvais Français le dit avec une impudence insupportable.

Il falloit arrêter et prendre la personne de cet insolent ; l’on eût pu ensuite l’élargir pour témoigner la bonté du Roi, après avoir fait paroître son autorité et sa puissance

On eût pu aussi permettre l’assemblée, comme on fit, puisque raisonnablement on ne pouvoit la refuser au temps qu’elle devoit être tenue par les édits ; mais, tirant profit de la faute de cet impudent, il falloit l’en exclure, vu qu’il étoit impossible de ne prévoir pas que, s’il avoit été assez hardi pour parler comme il avoit fait dans la cour, il oseroit tout faire dans l’as-