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et sensible sujet de leur vouloir mal ; car, ayant bien osé concevoir en son esprit l’espérance du mariage d’une des filles du comte de Soissons avec son fils, ce qu’il faisoit traiter par le marquis de Cœuvres, l’opposition ouverte que les ministres firent à ce dessein, qui leur fut découvert par le marquis de Rambouillet, les mit aux couteaux tirés.

Une hardiesse de favori qu’il commit à Amiens leur donna beau jeu de venir à leurs fins. Il ne fut pas plus tôt en cette place qu’il traita avec les sieurs de Prouville et de Fleury, lieutenant et enseigne de la citadelle, et établit ses créatures en leur place, sans en avertir la Reine.

Peu de jours après, ayant besoin de quelque argent pour sa garnison, il emprunta du receveur général douze mille livres sur sa promesse.

Ces deux actions furent représentées à la Reine comme des entreprises de mauvais exemple : ils exagérèrent la seconde comme une violence commise en la personne d’un officier du Roi, et lui remontrèrent ensuite qu’il en feroit bien d’autres si le mariage de son fils avec la fille du comte se parachevoit.

Le marquis d’Ancre, trouvant à son retour l’esprit de la Reine altéré, s’excusa le mieux qu’il put envers le comte, qui, jugeant bien que les ministres étoient cause de ce changement, craignit, non sans raison, que, pensant l’avoir offensé, ils n’en demeurassent pas là, mais recherchassent tous moyens de le mettre dans les mauvaises grâces de la Reine.

La première preuve qu’il en ressentit fut le refus de l’acquisition du domaine d’Alençon, lequel il avoit retiré du duc de Wurtemberg sur l’espérance qu’on