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Cette entrevue produisit l’effet qu’avoit désiré M. le comte, qui entra en une si étroite union avec M. le prince, qu’ils se promirent réciproquement de ne recevoir aucun contentement de la cour l’un sans l’autre, et que si l’un d’eux étoit forcé par quelque mauvais événement à s’en retirer, l’autre en partiroit au même temps, et n’y retourneroient qu’ensemble. Ils voyoient bien que les ministres n’avoient autre but que de les séparer, pour se servir de l’un contre l’autre à la ruine de tous deux.

Cette association fut si bien liée, que jamais, pour quelque promesse qu’on leur pût faire, ils ne se laissèrent décevoir, mais se gardèrent la foi qu’ils s’étoient jurée, et ce jusques à la mort de M. le comte, qui arriva un an après.

Le crédit des ministres fut d’autant plus affermi auprès de la Reine par cette union, que Sa Majesté n’en recevoit pas peu d’ombrage. Pour se fortifier contre les princes, ils envoyèrent querir, de la part de la Reine, le maréchal de Lesdiguières, qui vint aussitôt sous espérance qu’on feroit vérifier ses lettres de duché et pairie, que le Roi lui avoit accordées il y avoit quelque temps.

Mais cette affaire n’ayant pas réussi à son contentement, il se résolut de s’en venger, et prêta pour cet effet l’oreille à beaucoup de cabales et de desseins qui se formèrent avant son partement, et pour éclore et éclater les années suivantes. La mort du duc du Maine, qui par son autorité retenoit les princes en quelque devoir, étant arrivée en ce temps, les esprits des grands s’altérèrent d’autant plus aisément qu’il n’y avoit plus personne dans la cour capable de les