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ment lésée, l’accord ne dure que jusques à ce qu’elle ait moyen de s’en relever.

L’Empereur, ayant été en effet dépouillé de ses États par son frère, et ne demeurant plus que l’ombre de ce qu’il avoit été, essaie avec adresse de se remettre en autorité. Pour y parvenir, il fait sous divers prétextes venir Léopold à Prague avec une armée, feignant que c’étoit contre sa volonté ; mais Mathias et ses adhérens prévalurent, et ce dessein ne servit qu’à affermir ledit Mathias en son usurpation ; et l’Empereur fut contraint, par l’accord qu’il fit avec lui, de le faire de son vivant couronner roi de son royaume de Bohême, et dispenser ses sujets du serment de fidélité qu’ils lui devoient.

Cette année est remarquable par la mort de Charles[1], roi de Suède, qui avoit usurpé le royaume sur son neveu Sigismond, roi de Pologne, qui, s’en allant prendre possession de ce royaume électif, le laissa régent du sien héréditaire, duquel il s’empara peu de temps après, faisant voir combien il est dangereux de donner en un État la première puissance à celui qui est le plus proche successeur de celui qui la lui donne.

Ce prince en son infidélité se comporta avec une merveilleuse prudence pour bien conduire le royaume qu’il avoit usurpé.

Le fils qu’il laissa son successeur, appelé Gustave, ajouta à la sagesse de son père le courage et la vertu militaire d’un Alexandre. La suite de l’histoire donnera tant de preuves de son mérite, que j’estimerois mal terminer cette année si je la finissois sans re-

  1. Charles xi.