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personnage jouissoit en son affliction ; elle attenta de lui ôter la vie, et envoya expressément deux hommes à ce dessein, lesquels étant reconnus furent exécutés à mort dans Paris. Le Roi, pour garantir à l’avenir ce pauvre réfugié de tels attentats, lui donna deux Suisses de la garde de son corps qui l’accompagnoient par la ville aux deux portières de son carrosse, et avoient soin que personne inconnu n’entrât chez lui.

Les Espagnols, ne pouvant plus attenter couvertement à sa personne, et ne l’osant faire ouvertement, se résolurent de le perdre par d’autres moyens. On lui fait promettre par un gentilhomme de l’ambassadeur d’Espagne résidant en cette cour, que le Roi son maître le rétabliroit en ses biens, pourvu qu’il voulût quitter la France et la pension qu’il recevoit du Roi. Le connétable de Castille lui confirmant la même chose au passage qu’il fit en France, l’espérance, qui flatte un chacun en ce qu’il désire, l’aveugla de telle sorte, qu’il remit au Roi sa pension, se résolut de sortir de la France, et pour cet effet prit congé de Sa Majesté, qui prévit bien et lui prédit qu’il se repentiroit de la résolution qu’il prenoit. Nonobstant les avertissemens du Roi il passe en Angleterre, lieu qui lui étoit destiné pour recevoir la grâce qu’on lui faisoit espérer ; mais à peine fut-il arrivé à Douvres, qu’il reçut défenses de passer plus avant, l’ambassadeur d’Espagne ayant supplié le roi d’Angleterre de le faire sortir de ses États, et déclaré que s’il ne le faisoit il s’en retireroit lui-même. Ce pauvre homme revint en France, où il n’osa quasi paroître devant le Roi, parce qu’il sembloit avoir méprisé sa grâce et ses avis ; néanmoins ce prince, touché de compassion de sa