Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/206

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de telle sorte dans leur devoir, qu’ils ne donneroient aucun notable sujet de se plaindre d’eux.

M. le prince s’en alla en Berri, le duc de Nevers en Italie, y conduire mademoiselle du Maine à son mari ; M. du Maine s’en va en Provence avec sa sœur qui y alloit voir ses maisons ; le duc de Bouillon s’en alla à Sedan.

Le luxe, en ce temps, étoit si grand, à raison des profusions de l’argent du Roi qui étoient faites aux grands, et de l’inclination de la Reine, qui de son naturel est magnifique, qu’il ne se reconnoissoit plus rien de la modestie du temps du feu Roi ; d’où il arrivoit que la noblesse importunoit la Reine d’accroître leurs pensions, ou soupiroit après des changemens, espérant d’en tirer du secours dans leurs nécessités ; ce qui obligea Sa Majesté de faire, par édit, expresses défenses de plus porter de broderies d’or ni d’argent sur les habits, ni plus dorer les planchers des maisons ni le dehors des carrosses ; mais cet édit servit de peu, pour ce que l’exemple des grands ne fraya pas le chemin de l’observer.

Bien que ces princes mécontens, séparés et dispersés par tout le royaume, donnassent quelque crainte de le troubler de séditions et rebellions en toutes ses provinces, l’appréhension néanmoins en fut moindre en ce que les huguenots étoient apaisés, et que leur assemblée de La Rochelle étoit dissipée, s’étant un chacun d’eux retiré à l’arrivée de Rouvray, que le Roi y avoit envoyé à la fin de l’année passée ; car Le Rouvray leur ayant porté et fait lire, en pleine Maison-de-Ville, la déclaration du Roi qui portoit défense de continuer leur assemblée, oubli de ce qui