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où il se vit envoyé de la Reine avec déplaisir. Il sent bien d’où le mal lui vient, et, au lieu de s’en piquer inutilement, recherche plus que devant M. de Villeroy, et se sert de son absence pour, avec plus de facilité et de secret (et partant moins d’empêchement), parachever l’affaire du mariage proposé. Étant résolue, et lui sur le point de revenir, craignant que l’intelligence qu’il vouloit toujours entretenir avec M. le prince et ceux qui le suivoient ne donnât à ses ennemis un nouveau sujet de lui nuire, il tira parole d’eux que toutes cérémonies et témoignages extérieurs de particulière amitié cesseroient de part et d’autre, jusqu’à ce que le contrat fût signé, et qu’il tînt M. de Villeroy obligé de ne le plus abandonner. M. de Bouillon est rendu capable de ce procédé, et lui conseille de s’aboucher avec M. du Maine, qui étoit à Soissons, afin de le lui faire trouver bon ; ce qu’il fit, et de là vint à Paris, où, peu après la Reine s’en allant vers le mois de septembre à Fontainebleau, le mariage fut divulgué et signé en sa présence, dont les ducs de Guise et d’Epernon, qui désiroient et croyoient la ruine du marquis d’Ancre, furent au désespoir, étonnés de voir l’accomplissement de cette affaire sans qu’ils en eussent eu le vent, ni eussent le temps de chercher les moyens de le pouvoir empêcher.

Leur déplaisir accrut encore lorsqu’à peu de jours de là le marquis de Noirmoutier étant mort, M. le prince, qui étoit revenu à la cour et se tenoit toujours avec le marquis d’Ancre, se trouva avoir assez de crédit, avec l’aide de M. de Villeroy, pour faire tomber entre les mains de Rochefort son favori, la lieutenance de roi en Poitou que le défunt avoit.