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donna le gouvernement d’Orléans et du pays Blaisois.

Ce jeune gouverneur ne fut pas plutôt établi en Picardie, que, ne se souvenant plus de l’étroite confédération qu’il avoit avec le marquis d’Ancre et de la faveur qu’il en venoit tout fraîchement de recevoir, il entra en pointille avec lui sur le fait de leur charge, laquelle augmentant de jour en jour, leurs différends vinrent jusques à tel excès, qu’ils furent une des principales causes de la sortie que feront les princes hors de la cour au commencement de l’année suivante.

Toutes ces divisions entre les grands de notre cour, rendoient plus hardis nos huguenots dans les provinces, et principalement dans celle de Languedoc, où ils soulevèrent le peuple en la ville de Nîmes contre Ferrière, peu auparavant un de leurs ministres de grande réputation, lequel, ayant été déposé en une petite assemblée qu’ils tinrent à Privas de leur autorité privée, pour ce qu’il n’avoit pas été assez séditieux en l’assemblée de Saumur, le Roi honora d’une charge de conseiller au présidial de Nîmes. Ce peuple, offensé de le voir élevé en honneur pour le mal qu’il leur avoit fait, lui courent sus au sortir du présidial, le poursuivent à coups de pierres, et, s’étant sauvé, vont abattre sa maison, brûler ses livres, et arracher ses vignes. Les magistrats voulant faire justice de cet excès, ces mutins les violentent et leur font rendre les clefs des prisons, disent par dérision : Le Roi est à Paris, et nous à Nîmes. La Reine ne pouvant souffrir une action si préjudiciable à l’autorité royale sans en prendre quelque punition exemplaire, et lui semblant n’en pouvoir prendre une plus grande de cette ville que