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roient naître des mutuels mariages, pourvoiroient à faire maintenir l’édit de Nantes, établir un bon conseil selon les remontrances du parlement, ne s’abandonner les uns les autres, et n’entendre à aucun traité sans un mutuel consentement.

Le Roi, de sa part, pour s’opposer à eux, déclara le même jour le duc de Guise général de l’une et de l’autre de ses armées qu’il vouloit être jointes en une.

Tous ces progrès de l’armée de M. le prince, qui, nonobstant celle du Roi qui étoit plus forte, étoit passé en Poitou, et avoit donné lieu à tous les huguenots du royaume de faire des levées et se joindre à lui, donnèrent le dernier coup pour remettre en grâce M. de Villeroy et décréditer le chancelier, et ce d’autant plus, que ledit sieur chancelier avoit célé à la Reine le passage de la rivière de Loire par l’armée de M. le prince ; ce que ces messieurs ne manquoient pas de représenter à la Reine, et lui faisoient le mal plus grand qu’il n’étoit, protestant que si elle n’éloignoit le chancelier de la cour elle perdroit l’État, d’autant qu’il avoit coutume de céler, en la même manière, beaucoup de choses importantes au service du Roi.

Le chancelier, se reconnoissant affoibli, les rechercha d’accommodement. Ils y consentirent, comme bons courtisans qu’ils étoient, n’ayant pas crainte de se laisser tromper par celui auquel ils ne vouloient avoir aucune créance. La maréchale d’Ancre ne s’y voulut jamais réconcilier, disant qu’il l’avoit si souvent trompée, qu’elle ne savoit plus quelle assurance y pouvoir prendre. Le comte Orso, agent du Grand-