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Conflans ; la charge du second fut donnée à Barbin, et celle de secrétaire d’État que M. de Puisieux exerçoit, au sieur Mangot. La raison dictoit assez qu’ayant ôté les sceaux à M. le chancelier, il n’étoit pas à propos de laisser son fils premier secrétaire d’État en un temps si orageux que celui auquel on étoit alors ; mais la bonté de la Reine, qui n’avoit éloigné le père qu’y étant contrainte par son mauvais gouvernement, faisoit qu’elle avoit difficulté d’éloigner le fils, qui n’avoit point commis de faute particulière qui semblât le mériter. Le sieur du Vair, qui ne croyoit être assuré tandis qu’il verroit une personne à la cour si proche à celui dont il tenoit la place, oubliant toute l’obligation qu’il avoit à M. de Villeroy, qui seul l’avoit proposé au feu Roi pour être premier président de Provence, lui avoit fait valoir ses services, et l’avoit maintenu envers et contre tous, fit tant d’instances à la Reine de le congédier, qu’il lui en fit enfin prendre résolution, non toutefois tant à son contentement qu’il espéroit ; car, au lieu qu’il se promettoit de faire entrer en cette charge Ribier son neveu, qui s’en étoit déjà vanté, la Reine la donna au sieur Mangot, à qui elle avoit, peu auparavant, accordé la charge de premier président de Bordeaux. C’est ainsi que les honneurs changent les mœurs en un moment. Le sieur du Vair, qui, peu de jours avant, faisoit profession d’être un philosophe stoïque, et en écrivoit des livres, n’est pas sitôt à la cour que, changeant d’esprit en faisant paroître les qualités qui y étoient cachées, non-seulement il devient ambitieux, mais noie dans son ambition tous les devoirs de bienséance et d’amitié, commettant une ingrati-