Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/347

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à l’avenir, après s’y être obligés par une solennelle promesse.

On lui avoit donné jalousie du baron de La Châtre, qui étoit à Bourges, lequel on lui mandoit y avoir été envoyé pour épier ses actions, et de ce qu’on ne lui faisoit point encore de raison de ce qui s’étoit passé à Poitiers, ces deux choses témoignant assez le peu de sincérité avec laquelle on désiroit son retour, quoiqu’on fît semblant du contraire.

J’en donnai avis à la Reine, qui fit venir incontinent le baron de La Châtre à Paris, auquel elle donna 60,000 livres et le brevet de maréchal de France pour sa démission du gouvernement de Berri, qui, par ce moyen, demeureroit sans dispute à M. le prince, et dépêcha à Poitiers le maréchal de Brissac pour y faire exécuter ce qui avoit été promis par le traité de Loudun. Il approuva aussi le changement des ministres, et l’élection de Mangot et de Barbin, insistant seulement que l’on contentât M. de Villeroy s’il avoit intérêt en la charge du sieur de Puisieux. Il promit de sa part que, la Reine lui faisant l’honneur d’avoir confiance en lui, il ne communiquerait rien de ses conseils secrets qu’à qui elle voudroit en être communiqué, et trouva bon aussi que, si on vouloit, on se servît de son nom pour avancer ou retarder le réglement du conseil qui étoit poursuivi par les princes.

Ce voyage, que la Reine me fit faire au déçu de messieurs de Mayenne et de Bouillon, les mit en si grande jalousie qu’ils dépêchèrent incontinent vers M. le prince, pour savoir ce que j’avois traité avec lui et le détourner de venir en cour : mais ce fut en