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desquels il répondoit. Et, pour ce que cela lui sembloit peu en cette affaire, qui devoit être exécutée avec un tel ordre et prévoyance qu’il n’y eût rien à douter, il pensa, en son esprit s’il y avoit encore quelqu’un en qui la Reine se pût entièrement confier ; il se souvint d’Elbène, italien, et partant plus assuré à la Reine qu’aucun autre, et du courage duquel le feu Roi faisoit cas. Il l’envoya querir, et lui demanda, de la part de la Reine, s’il étoit homme à faire ce qui lui seroit commandé contre qui que ce fût ; s’en étant assuré, et lui ayant donné charge d’être de là en avant pour quelques jours à toutes heures auprès de lui avec sept ou huit de ses compagnons, pour recevoir le commandement qu’on lui voudroit donner, il ne resta plus que d’avoir des armes ; mais la difficulté étoit de les faire entrer dans le Louvre secrètement. M. de Thémines se chargea de l’achat de pertuisanes, qu’il estima les armes les plus propres, et les envoya dans une caisse, en guise d’étoffes de soie d’Italie, chez Barbin, qui les fit le lendemain conduire au Louvre par un des siens, ayant fait tenir à la porte un des valets de chambre de la Reine, pour assurer les archers que c’étoit des étoffes de soie d’Italie pour Sa Majesté, pour ce qu’autrement ils eussent voulu savoir ce qui étoit dedans.

Le jour de l’exécution ayant été pris au lendemain, qui étoit un mercredi, dernier jour d’août, et toutes choses étant bien disposées pour cela, la Reine se trouva si étonnée, que le soir elle commanda qu’on laissât encore écouler cette journée, ce qui pensa faire perdre l’entreprise. Car comme ces grandes affaires ne se peuvent pas traiter si secrètement qu’on