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maréchale rendoit l’esprit : cela ôta pour lors le soupçon à M. le prince.

Leurs Majestés envoyèrent querir M. de Créqui, mestre de camp du régiment des Gardes, et M. de Bassompierte, colonel général des Suisses et mestre de camp du régiment des Gardes-Suisses de Sa Majesté. La Reine les ayant avertis du dessein que le Roi et elle avoient pris, afin qu’ils se tinssent à la porte du Louvre avec leurs régimens en bataille, pour empêcher tout désordre et arrêter M. le prince si par hasard il vouloit sortir ; après avoir fait ce qu’ils purent pour empêcher la Reine de son dessein, en exagérant les inconvéniens qui en pourroient arriver, ils demandèrent des lettres patentes scellées du grand scel, pour exécuter le commandement qui leur étoit fait.

Sur quoi la Reine leur demandant s’il leur falloit d’autre commandement que celui de la propre bouche du Roi, en une occasion si pressée que celle-là, et en laquelle il ne leur pouvoit donner l’assurance qu’ils vouloient, ils la supplièrent d’envoyer au moins avec eux quelque exempt des gardes du corps du Roi, et que, moyennant qu’il y fût, ils feroient ce qu’il leur commanderoit de la part de Sa Majesté. Le Roi, après avoir long-temps pensé qui il y pourroit nommer, dit à la Reine qu’il falloit prendre Launay, qui étoit celui qui avoit pris le président Le Jay, et étoit brave homme. On l’envoya querir aussitôt. Dès qu’il fut venu, Sa Majesté lui commanda d’aller avec lesdits sieurs de Créqui et de Bassompierre en leurs corps-de-garde, et que lorsque les princes et seigneurs qu’il lui nomma voudroient sortir du Louvre,