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vint à demander à parler à Leurs Majestés, et leur dit qu’il venoit de rencontrer sur le pont Notre-Dame M. de Bouillon, qui se retiroit en grande diligence dans un carrosse à six chevaux, avec nombre de cavalerie qui avoient tous le pistolet, et que M. de La Trimouille galoppoit après lui. Il ne l’avoit pas vu, mais on lui avoit rapporté qu’on l’avoit vu passer : car le duc de Bouillon ne voulant pas aller au Louvre, et faire la faute qu’il voyoit bien que M. le prince commettoit, avoit pris occasion d’aller dès le matin à Charenton, avec bon nombre de ses amis, et quelques soldats de ses gardes.

On vint aussi dire à Leurs Majestés que M. dë Mayenne s’étoit retiré, ce qui n’étoit toutefois pas, car il ne partit de plus d’une heure après. Néanmoins cela fut cause qu’on n’attendit pas davantage, croyant qu’ils ne viendroient pas.

Au sortir du conseil, Thianges se jeta à l’oreille de M. le prince, et lui dit ce qu’il avoit charge de M. de Mayenne, et qu’il n’avoit pu lui dire plus tôt parce qu’il n’étoit arrivé que lorsque le conseil étoit déjà commencé. M. le prince pâlit entièrement à cette nouvelle, et lui dit que si on avoit quelque dessein contre lui, il n’y avoit plus moyen de s’en garantir, et continua son chemin par la salle basse des Suisses, pour gagner le petit degré et monter en la chambre de la Reine, pour entrer au conseil des affaires, qui se tenoit d’ordinaire à onze heures. Il trouva à la porte deux gardes du corps, dont il s’étonna, et crut alors assurément, mais trop tard, ce qu’il ne s’étoit pas jusque-là voulu persuader. Dès qu’il fut entré il demanda plusieurs fois le Roi et la Reine, qui