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Rochefort, favori de M. le prince, s’en alla à Chinon, et y mena Le Menillet pour s’y enfermer avec ceux qu’il pourroit amasser des serviteurs de M. le prince, et défendre cette place contre le Roi. Les huguenots de Sancerre prirent cette occasion de se saisir de leur château, dans lequel, depuis quelques années, le comte de Sancerre étoit rentré par le moyen du curé et des catholiques, et le gardèrent depuis avec permission du Roi, qui ne leur voulut pas donner prétexte de se soulever contre son service pour cela. Ceux de La Rochelle se saisirent de Rochefort sur Charente ; mais le duc d’Epernon amassa aussitôt des troupes, et mit garnison dans Surgères et Tonnay-Charente, pour arrêter leurs mauvais desseins.

Mais pour retourner à M. le prince, que nous avons laissé entre les mains de M. de Thémines, qui le mena en la chamhre qui lui avoit été préparée pour le garder, il fit difficulté de manger quand l’heure de dîner fut venue, et demanda que les siens lui apprêtassent ses viandes ; ce qui lui fut accordé. Le sieur de Luynes lui fut envoyé de la part du Roi, pour le consoler et l’assurer qu’il recevroit tout bon traitement ; la Reine-mère lui envoya aussi un autre de sa part. Il fit telle instance de voir Barbin, que la Reine lui commanda d’y aller. Dès qu’il le vit, il lui parla de plusieurs choses tout à la fois, tant il étoit hors de lui et transporté de passions différentes, qui aboutissoient néanmoins au désir de sa liberté. Il lui demanda si M. de Bouillon étoit pris ; et, sachant qu’il ne l’étoit pas, il dit plusieurs fois qu’on avoit tort de ne l’avoir pas arrêté, et qu’en vingt-quatre heures il lui eût fait