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civiles, conservé l’État en son entier, et sa fidélité, qu’il veut faire passer pour être sans tache et ne mériter une telle punition qu’il reçoit. Le Roi lui fit réponse, par le baron de Lignières qui lui avoit porté la lettre, qu’il ne tiendroit qu’à lui qu’il n’eût raison du crime de celui qu’il disoit avoir attenté à sa vie, puisqu’il avoit fait ordonner par son parlement que le procès seroit fait à Vaugré dans Soissons, où il le tenoit entre ses mains, et par appel mené à Paris pour y recevoir la peine due à l’énormité de cet attentat s’il en étoit trouvé coupable. Pour la charge dont il parloit, qui est celle de général d’armée des Vénitiens, qu’il sait bien, en sa conscience, que c’est à son instante supplication qu’il a employé son nom pour la lui faire obtenir, et que son autorité royale est telle que personne ne sera jamais persécuté en son royaume pour en sortir, Sa Majesté étant assez puissante pour empêcher qu’aucun de ses sujets n’en persécute d’autres.

Quant aux actions de son père, que l’intégrité de ses dernières fait perdre à Sa Majesté la mémoire des premières qu’il a souvent condamnées lui-même ; et quant aux siennes, qu’il ne sait pas comme il peut appeler innocente celle du refus qu’il a fait au lieutenant général de Soissons de le recevoir en la ville de sa résidence pour exercer la justice, non plus que les levées des gens de guerre qu’il a faites depuis peu pour grossir ses garnisons, non-seulement sans la permission de Sa Majesté, mais contre son commandement ; que Sa Majesté ne sait pas ce qu’il peut tenir pour crime s’il appelle ces deux actions innocentes, et qu’il n’y a personne dépouillé d’intérêt et de passion, qui ne les juge du tout contraires aux lois divines