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que le maréchal et sa femme n’étaient pas contens de nous, dont elle se fâcha, disant qu’elle ne se gouvernoit pas par leur fantaisie. Je repris la parole, et fis de nouvelles instances, auxquelles elle ne se rendit point néanmoins, et continua à nous assurer du contentement qu’elle recevoit du service que nous rendions au Roi.

Le maréchal fut averti par sa femme de ce qui s’étoit passé, et vint incontinent à Paris trouver la Reine, qui le gourmanda ; de sorte qu’au sortir de là il alla prendre Barbin chez lui et l’amena en mon logis, où, adressant la parole à Barbin, il se plaignit de ce que, demandant notre congé, nous faisions paroître qu’il étoit incompatible et ne pouvoit durer avec personne. Après que je lui eus déduit les raisons que nous avions eues de faire ce que nous avions fait, il ne nous sut répondre autre chose, sinon qu’il étoit de nos amis, et qu’il nous prioit de dire à la Reine que nous ne pensions plus à nous retirer.

Mais il continuoit toujours en sa mauvaise volonté, et inventoit plusieurs calomnies, qu’il essayoit de rendre les plus vraisemblables qu’il pouvoit à la Reine pour décevoir son esprit ; jusque-là qu’il la voulut persuader que messieurs Mangot, Barbin et moi la trahissions, et avions envie de la faire empoisonner, s’offrant de lui donner des témoins qui le soutiendroient en notre présence. Ces méchancetés noires qu’il avoit dans le cœur le rendoient inquiet, de sorte qu’il paroissoit bien qu’il avoit quelque chose dont il avoit grand désir de venir à bout, et en laquelle il rencontroit difficulté : il ne faisoit qu’aller et venir de lieu à autre, étoit toujours en voyage de