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arrêter prisonnier. Luynes, qui ne croit pas pouvoir trouver sûreté que dans sa mort, et qui croit que l’accommodement entre le fils et la mère, le Roi et la Reine, seroit facile si l’offense étoit légère, fait instance de le faire tuer : à quoi le Roi ne voulut point consentir, qu’en cas qu’il se mît en devoir de résister à ses volontés.

Pour exécuter ce dessein, Luynes et ceux qui étoient de son parti jetèrent les yeux sur le baron de Vitry pour le rendre ministre et exécuteur de leurs passions. Pour l’y disposer, ils portèrent le Roi à lui faire des caresses extraordinaires ; ensuite Luynes lui témoigna que Sa Majesté avoit une grande confiance en lui, et qu’en son particulier il le vouloit servir auprès d’elle comme s’il étoit son frère. Par après, une autre fois il lui dit que le Roi avoit si bonne opinion de lui, qu’il lui avoit dit en particulier qu’il étoit capable de grandes entreprises, et qu’il s’y fieroit de sa vie.

Le baron de Vitry, sans se douter de ce à quoi on le vouloit employer, témoignant se sentir obligé de cette confiance, le pria d’assurer le Roi qu’il ne seroit pas trompé, et qu’en toutes occasions il suivroit aveuglément ses volontés. Par après, une autre fois Luynes lui dit qu’il avoit dit au Roi les assurances qu’il lui avoit données de son service, ce qu’il avoit eu si agréable qu’il lui avoit commandé de lui témoigner le gré qu’il lui en savoit, et que, pour preuve de sa confiance, il lui avoit ordonné de tirer parole et serment de lui de ne parler à qui que ce pût être au monde d’une affaire qu’il lui vouloit découvrir, et savoir déterminément s’il n’exécuteroit pas tout ce que Sa Majesté lui commanderoit.