Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/459

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voir : un de ceux qui l’accompagnoient l’en ayant averti, il retourna, et lui dit qu’il le faisoit prisonnier de par le Roi ; et tout en même temps, l’autre n’ayant eu loisir que de lui dire, moi prisonnier ! ils lui tirèrent trois coups de pistolet, dont il tomba tout roide mort. Un des siens voulut mettre l’épée à la main ; on cria que c’étoit la volonté du Roi, il se retint. En même temps le Roi parut à la fenêtre, et tout le Louvre retentit du cri de vive le Roi.

Le sieur de Vitry monta en la chambre de Sa Majesté, et lui dit qu’il ne l’avoit pu arrêter vif, et avoit été contraint de le tuer. Son corps fut traîné dans la petite salle des portiers, et de là mis dans le petit jeu de paume du Louvre, et, sur les neuf heures du soir, enseveli dans Saint-Germain-l’Auxerrois, sous les orgues. Il avoit eu, durant sa vie, quelque aversion dudit Vitry, et quand il fut fait capitaine des gardes au lieu de son père, il disoit : « Per Dio, il ne me plaît point que ce Vitry soit maître du Louvre. » Vitry aussi ne le saluoit point, et s’en vantoit ; et, comme on remarque que les loups connoissent et craignent les lévriers qui les doivent mordre, il appréhendoit l’audace dudit sieur de Vitry, et disoit souvent qu’il étoit capable d’un coup hardi.

En même temps on fit retirer du Louvre les gardes de la Reine-mère, jugeant qu’elle seroit aussi bien gardée par ceux du Roi que par les siens, et qu’il étoit expédient qu’il n’y eût qu’une marque d’autorité dans la maison royale. On lui donna des gardes du Roi, et on fit murer quelques-unes de ses portes,