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fait premier maître d’hôtel de la Reine, dont elle étoit dame d’atour.

Dans les mécontentemens que la Reine reçut par les diverses amours du Roi, elle demeura si inséparablement unie aux intérêts de sa maîtresse, que jamais ni le Roi ni son mari ne la purent gagner pour les lui pouvoir faire dissimuler, ou l’empêcher d’en parler avec l’aigreur que méritoit le ressentiment de l’offense qu’elle prétendoit être faite à la Reine ; d’où elle se vit plusieurs fois en danger d’être renvoyée en Italie, elle et son mari. Cela ne lui nuisoit pas auprès de sa maîtresse, qui, à la mort du feu Roi, étant devenue dame absolue de ce grand royaume sous le titre de régente, lui fit telle part de sa puissance, et pour l’amour d’elle à son mari, qu’ils se virent élevés au plus haut point de grandeur où jamais étrangers le furent en cet État.

Elle se gouvernoit avec cette modestie en sa faveur, qu’elle ne se soucioit pas que l’on crût que le principe en fût en son mari ou en elle, bien qu’elle en fût l’ame et le lien, tant pour ce que c’étoit elle que la Reine aimoit, que pour ce que le feu de l’ambition de son mari le faisoit aller si vite et avec si peu de précaution en sa conduite envers la Reine, qu’il manquoit de l’adresse nécessaire pour en obtenir quelque chose, où elle au contraire, par la sienne, venoit à bout de ce que la Reine par son inclination ne vouloit pas ; ne lui parlant jamais d’une affaire qu’elle n’y eût premièrement fait disposer son esprit par plusieurs choses qu’elle lui faisoit dire de loin par les uns et les autres, et après tous ces préparatifs seulement lui en parloit, et d’abondant encore avoit toujours quel-