Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/508

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

créance ; que j’étois sûr que le Roi auroit contentement de ses actions et de ceux qui sont auprès d’elle ; que, pour mon particulier, je ne désirois autre chose, sinon qu’on ne prît pas l’ombre pour le corps, et qu’ouvrant les yeux pour voir clairement quelles sont les actions de Sa Majesté et de ceux qui en servant le Roi la servent, on ferme l’oreille à tous mauvais rapports.

Mais toutes ces précautions ne purent empêcher les effets de leur mauvaise volonté contre moi, d’autant que le défaut de sincérité n’étoit pas ce qu’ils craignoient en moi : ce qui les travailloit étoit leur propre crime, et ce qu’ils craignoient étoit le peu d’esprit que Dieu m’avoit donné. Je recevois par toutes leurs lettres des nouvelles des avis qu’on donnoit, disoient-ils, au Roi contre moi ; ils me mandoient qu’à toute heure ils avoient les oreilles battues de ne se pouvoir pas assurer en moi, d’autant que j’étois du tout porté à cabaler ; que le sieur de Luynes essayoit de faire voir la fausseté de ces beaux avis, et faire fermer la bouche aux inventeurs et porteurs de ces bruits, mais qu’il n’en pouvoit venir à bout ; une autre fois, qu’on avoit avis des brouilleries et menées de plusieurs, sous le nom et en faveur de la Reine, dont le Roi et Luynes ne croyoient rien, mais qu’il falloit que j’y veillasse, de peur que si cela étoit il en arrivât du malheur. Bref, toutes leurs lettres ne chantoient autre chose.

Je leur mandois que je m’obligeois au Roi, sur ma tête, d’empêcher toutes cabales, menées et monopoles, ou, si je ne pouvois, que je m’engageois non-seulement de lui en donner avis, mais du temps pour