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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/522

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En même tomps que les uns étoient mis en de nouvelles prisons, les autres étoient élevés à contentement aux dignités et grandeurs nouvelles ; car, en ce même mois, le sieur de Luynes se maria avec la fille du duc de Montbazon[1], et fut pourvu de la lieutenance générale au gouvernement de Normandie qu’avoit le maréchal d’Ancre, et eut le don de tous ses immeubles, la réunion desquels au domaine du Roi ne servit que de passage pour les faire tomber entre ses mains. Tout résonnoit d’éloges à sa gloire ; mais comme il n’y avoit rien en lui à dire pour fonder ces louanges, il se remarqua que tout ce qu’on put avancer en sa faveur fut de le comparer au roi juif Agrippa, qui fut favori de l’empereur Caligula, qui succéda à Tibère ; ne considérant pas qu’il avoit eu une si malheureuse fin pour sa vanité, que Dieu punit exemplairement, qu’ils faisoient quasi un pronostic de la courte durée de sa fortune.

Cependant Barbin, qui étoit à la Bastille, resserré dans sa chambre, sous ombre que si on lui donnoit plus grande liberté M. le prince demanderoit le semblable, demanda lors celle de se pouvoir promener. On la lui accorda, et permit-on encore à son valet de chambre de le venir voir toutes fois et quantes il voudroit. Persen, et Bournonville qui commandoit en son absence, le traitant avec toute douceur, espérant par ce moyen diminuer quelque chose de l’aigreur de la Reine, qu’ils croyoient enflammée contre eux de colère pour l’offense qu’elle en avoit reçue, ce peu de courtoisie lui coûta bien

  1. Avec la fille du duc de Montbazon : La jeune épouse du favori fut depuis la fameuse duchesse de Chevreuse.