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sance ; que je partirois dès le vendredi pour satisfaire au commandement qu’il lui plaisoit me faire d’aller en Avignon, où je serois très-content si ceux qui m’en vouloient me laissoient vivre aussi exempt de soupçon que je le serois de coulpe. Cependant, puisqu’on m’accusoit d’avoir fait des menées en ces quartiers contre le service de Sa Majesté, je la suppliois très-humblement de vouloir envoyer quelqu’un sur les lieux, qui, dépouillé de passion, pût prendre connoissance de la vérité, étant sûr que par ce moyen Sa Majesté reconnoîtroit mon innocence.

Le sieur de Richelieu mon frère, et le sieur de Pont-de-Courlay mon beau-frère, reçurent le même commandement et le même exil que moi : encore nous fut-ce une grande consolation de ne nous voir pas séparés, bien qu’ils ne le fissent pas à cette fin, mais pour pouvoir prendre garde à nous tout d’une même vue.

La Reine se plaignit bien haut de mon bannissement ; mais elle reçut des réponses absolues de refus, et en même temps tant de sujets de plainte pour elle-même, qu’elle eut sujet d’oublier celui-là. Je puis dire de moi avec vérité, èt sans blesser la modestie, que, quelque animosité qu’ils me portassent, ils me trouvèrent aussi peu dans les papiers de ceux qui manioient les affaires, comme convaincu d’avoir mal fait, que dans la chambre des comptes, comme ayant reçu des bienfaits en servant.

J’obéis à la Reine dans sa régence ; mais de qui tout le monde recevoit-il les volontés du Roi que de sa bouche ? Il n’y a personne qui ne doive connoître que le vrai serviteur doit redresser les volontés de son