Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/552

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sion qu’ils voyoient qu’il avoit au service de la Reine, et sa fidélité qu’ils n’avoient jamais su ébranler. Ils firent tout ce qu’ils purent pour le faire condamner : il n’y eut juge à qui ils ne parlassent ; mais Dieu fut le plus fort : les plus gens de bien de la compagnie, reconnoissant son innocence et désirant le délivrer, ne crurent pas en avoir un meilleur moyen que de le condamner à un simple bannissement, craignant quelque autre violence plus grande de la part de Luynes. Mais le nombre des autres qui étoient gagnés étoit si grand, qu’il ne laissoit pas de passer d’une voix à la mort si un des juges qui opinoient ne se fût évanoui ; car on l’emporta hors de l’assemblée, et on attendit que ses esprits fussent revenus. Peut-être avoient-ils opinion que celui-là dût opiner contre lui ; revenu qu’il fut et rentré en la compagnie, il commença à opiner en ces mots : « Messieurs, vous voyez en quel état j’ai été. Dieu m’a fait voir la mort, qui est une chose si terrible et effroyable, que je ne me puis porter à condamner un innocent, comme celui-ci déequi il s’agit. J’ai ouï quelques opinions qui vont au bannissement ; s’il y en a quelqu’une plus douce, je prie le conseil de me le dire afin que j’en sois. » Et à l’heure même quasi tous les jeunes conseillers furent d’avis de son bannissement. Tous les présidens, hormis le sieur de Bercy, et quasi tous les anciens conseillers à qui on avoit parlé et que l’on avoit mandés au Louvre pour cet effet, se prêtèrent à la passion de ses ennemis.

Par le même arrêt, qui fut du 30 août, Bournonville fut condamné, comme criminel de lèse-majesté, à avoir la tête tranchée ; Persen et madame du Tillet à