Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/554

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bien aisé de l’entendre, et qu’il parloit de la Reine-mère, qui devoit être considérée comme la plus puissante, voire la seule cause des désordres.

Ces injures atroces qui blessoient Sa Majesté, et tant d’infâmes artifices desquels on se servoit pour divertir d’elle l’affection du Roi, lui redoublèrent l’ennui qu’elle ressentoit de son absence, et l’obligèrent de se servir des copies de lettres que Barbin lui avoit envoyées, il y avoit long-temps, pour le Roi, M. de Luynes et le duc de Montbazon, par lesquelles, se plaignant à Sa Majesté des déplaisirs qu’elle recevoit, elle la supplioit qu’elle pût aller à Paris pour, étant plus proche d’elle, lui rendre plus facilement compte de ses actions, et prioit Luynes de l’assister en ce juste désir, et de la délivrer de servitude, et le duc de Montbazon d’y porter l’esprit de son beau-fils. Le Roi fut touché de ces lettres ; mais ils le détournèrent de lui donner contentement par mille artifices, ne lui représentant pas seulement que, si elle vient, il n’aura plus d’autorité, mais qu’ils appréhendent même que sa vie ne soit pas en sûreté, le désir de régner étant tel en eux, qu’il n’y a lien de sang, de raison ni de justice, qui puisse arrêter leur fureur.

D’un côté ils mesurent le péril qui leur pourroit arriver de la présence de la Reine à l’atrocité des injures qu’ils lui avoient faites, et ne peuvent prendre d’elle assurance, quelque promesse qu’elle leur fît ; d’autre part, demeurant leur ennemie, ils vouloient avoir lieu de la faire paroître tout autre qu’elle n’étoit, et, pour ce sujet, essayoient de la tenir éloignée, d’autant que les objets sont peu souvent et difficile-