Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/578

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voir à tout le monde, et la mauvaise volonté de son maître et sa malice et son peu d’esprit tout ensemble, en ce que, non content de m’avoir fait entrer dans Vienne comme un criminel, avec autant d’apparat qu’il le devoit éviter s’il eût été habile homme, je vis, sur les dix heures du soir, étant à l’hôtellerie prêt à me coucher, l’effet d’une partie qu’il avoit dressée en passant lorsqu’il me vint arrêter.

Vingt ou trente hommes apostés vinrent devant ma porte, où ils mirent l’épée à la main, et firent semblant de se battre contre le gardes dudit sieur d’Alincour ; le chamaillis des épées étoit si grand, et le nombre des coups de carabine que tirèrent lesdits gardes tel, que je croyois qu’il y en eût vingt ou trente morts sur la place. Je fis appeler le capitaine, et le priai de me dire ce que c’étoit ; à quoi d’abord il me répondit que je le devois mieux savoir que lui-même, et que c’étoient des gens qui me vouloient sauver. Je lui dis qu’il en auroit bien aisément connoissance, puisque dans une ville obéissante au Roi, comme étoit celle où j’étois, il ne se pouvoit que tous ceux qui restoient d’un si grand combat ne fussent pris ; que je le priois d’envoyer promptement querir les chefs de la justice pour informer d’une telle action, en laquelle moi-même je me rendois partie. Il me dit qu’il n’étoit point besoin de faire cette information, qu’il lui suffisoit de connoître le dessein qu’on avoit eu et l’avoir empêché. Je le priai alors qu’au moins, en sa présence, je pusse parler aux blessés, afin que tous deux ensemble nous découvrissions l’origine de cette affaire : il me répondit qu’il n’y avoit personne de blessé, parce que ses compagnons avoient eu cette